À l’ère du numérique, des réseaux sociaux et de la proximité
virtuelle, une confusion peut s’installer dans nos rapports interpersonnels :
l’accessibilité d’une personne publique est trop souvent confondue avec de la
familiarité. Pourtant, ces deux notions sont distinctes, et les malentendus
qu’elles suscitent peuvent coûter cher en matière de réputation, de relations
personnelles et professionnelles ou d’opportunités futures.
Dans notre monde hyperconnecté où les distances et les
barrières sont parfois fictives, il est devenu plus simple d'entrer en contact
avec des leaders d'opinion, des dirigeants, un ministre et des personnalités
publiques, etc.... Cette accessibilité offre une chance inouïe de
cotoyer soit physiquement ou virtuellement certaines personnes. Cependant,
souvent confondue avec une invitation à la familiarité, cette
accessibilité cache un piège subtil. Il ne faut surtout pas confondre la main
tendue avec une invitation à entrer dans le salon.
Je voulais profiter de cette tribune pour partager mon point
de vue et recueillir le vôtre. Quelle est la différence et pourquoi est-il
crucial de la comprendre surtout dans le monde professionnel ?
Accessibilité d’une personne publique
Une personne publique se veut être accessible quelle que
soit sa position sociale ou professionnelle, lorsqu’elle décide de rester
ouverte, disponible, et à l’écoute. C’est une posture d’humilité et d’ouverture
qui favorise le dialogue et la collaboration.
Prenons l’exemple d’un Représentant d’une agence des Nations Unies au Burundi ou le patron d’une grande entreprise privée présent sur les réseaux sociaux, répondant à des messages privés ou réagissant à des publications. Ce comportement reflète une accessibilité volontaire et maîtrisée : il engage sans se livrer, il tend la main sans ouvrir toute sa vie privée.
Familiarité avec une personne publique
En revanche, la familiarité avec une personne publique
suppose une certaine intimité acquise qui se gagne avec le temps, une relation
personnelle ou affective qui autorise certains comportements, langages ou codes
sociaux plus détendus. Cette ouverture volontaire est donnée, permise ou
autorisée. Elle ne s'impose pas, elle se mérite et, surtout, elle doit être
réciproque.
Reprenons l’exemple au-dessus. Le Représentant ou le Patron
de l’entreprise privée deviennent des personnes familières pour vous
lorsqu’elles vous ont expressément autorisées après un certain temps ou
plusieurs contacts à rentrer dans leur intimité avec certains pans personnels.
Célébration de la Journée Internationale de l'Albinisme
Accessibilité n’est pas familiarité : clarifions la
confusion
Personnellement, en tant que leader, j'ai fait le choix
d'être accessible tout en étant pleinement conscient des risques et des dérives
qu’il peut avoir. C'est pour moi une posture d'humilité et d'ouverture au
dialogue. C’est ma façon de rester à l'écoute, de partager, tout en gardant une
juste distance et en protégeant ma vie privée. Elle ne remet ni en cause qui je
suis ni ma valeur. Cette valeur n’est nullement liée au titre que j’enfile
selon les circonstances mais aux valeurs humaines que je porte.
Toutefois, je me rends compte que la confusion est parfois
persistante en particulier chez les plus jeunes. Il s’avère selon mon analyse
qu’elle est plus souvent due à l’ignorance de certains codes subtils. Moi-même
issu d’un mixte de culture francophone et anglo-saxonne, je reste conscient des
nuances entre les deux styles m’efforçant à ne jamais confondre les deux
notions.
Conséquences insoupçonnées
Il arrive souvent qu’un interlocuteur commence à s’adresser
à vous avec des surnoms, un tutoiement abusif, ou une légèreté verbale
inappropriée au contexte, on entre dans le champ de la familiarité déplacée.
Celle-ci n’est pas autorisée par défaut — elle se construit, se mérite, et
surtout, elle se valide par une réciprocité explicite.
Lorsque cette confusion n’est pas reconnue, elle peut
générer des frictions inutiles. Une personne parfois bien intentionnée peut
être perçue comme intrusive ou irrespectueuse. Cela crée une distance
involontaire, voire une fermeture pure et simple de certaines portes —
professionnelles, sociales, ou personnelles. Ce qui est vu comme une tentative
de rapprochement peut être interprété comme un manque de savoir-vivre ou une
incapacité à décoder des codes.
Appel aux plus jeunes à faire attention
A l’heure du tout connecté avec une pléthore de créateurs de
contenus et de coachs aux compétences variées et diverses, je voudrais rappeler
aux jeunes professionnels, étudiants, aspirants leaders à être attentifs à ces
deux notions. Dans un monde où l’on peut commenter le tweet d’un ministre ou
envoyer un DM à une figure publique, souvenez-vous que l’espace numérique
n’abolit pas les règles du respect, de la retenue et de l’étiquette. Ce n’est
pas parce qu’on peut “atteindre” une personne qu’on doit “s’autoriser” tout
comportement.
À tous les jeunes professionnels et étudiants qui me lisent,
il faut tout simplement comprendre que l’accessibilité est un pont tandis que
la familiarité, un contrat. Ne les confondez pas. Savoir naviguer cette nuance
est non seulement une marque d'intelligence relationnelle, mais aussi un
accélérateur silencieux pour votre carrière, de votre capital social et
professionnel.
Avec les stagiaires de la 1ère et 2de cohortes de l'UNFPA
Et vous, avez-vous déjà vécu ou observé cette confusion ?
Comment faites-vous la différence au quotidien ? J'ai hâte de lire vos
expériences en commentaire !
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