5 Décembre 2013, la plupart des responsables politiques africains sont au rythme de Paris avec la conférence sur la paix et la sécurité en Afrique de l’Elysée.
Bangui la coquette, Juillet 2010 |
Cette conférence est plutôt
économique que politique car elle est entre autre sous-tendue par le rapport élaboré
sous la houlette d’Hubert Védrine qui entrevoit l’Afrique comme une terre d’espoir
pour un nouveau souffle économique français. Au passage, est-ce que les
Africains connaissent réellement ce qu’ils représentent à leurs propres yeux ? Qu'est-ce qu'ils ont mis amené à la table de négociation de commun accord? Je ne serai nullement étonné que les propositions une fois de plus en rang dispersé ne les mettent en position de faiblesse alors qu'ils représentent un important creuset d'espoir au monde entier.
Des messages forts annoncent déjà l’ampleur des dégâts qui se profilent au Centre
de l’Afrique. Le terme « génocide » est même déjà employé pour
marquer l’opinion internationale. C’est donc le début d’un ballet diplomatique
international en soutien aux populations déjà meurtries d’une terre dirigée par
un autre responsable politique certainement considéré à raison ou à tort comme incapable
gérer une situation aussi explosive. Sa position a même été qualifiée "d’intenable".
Bref, … en gros c'est silence on tue et chacun passe son chemin !
Des déplacés du site de l'aéroport Mpoko de Bangui, Janvier 2014 |
Les jours qui suivirent
revelèrent la déchéance humaine avec les conséquences que nous connaissons tous
dans ce pays qui naguère affichait une certaine joie de vivre malgré son retard
de développement. Au quotidien, ce furent des affrontements entre les milices armés
et entre les populations civiles elles-mêmes. L’homme a laissé son côté bestial reprendre le
dessus. La vengeance, les règlements de compte, les bavures, les vols, les
pillages,... enfin tout y passe. Les adeptes de la théorie du chaos se régaleraient
devant un tel scénario. La balafre de l’instabilité politique, du retard économique chronique qui frappait
de son sceau indélébile la nation du cher Barthélémy Boganda, père de l’indépendance,
ouvrait la voie royale pour un « no man’s land ». C'est une fois de plus un échec qui démontre que les politiques se
sont succédées mais à l’évidence n’ont pas encore réussi à amorcer un véritable
changement à tous égards perceptible au sein de la population.
Avec l'équipe sur le site de l'aéroport Mpoko à Bangui, Janvier 2014 |
Ainsi, animé de bonnes intentions (en
tout cas, c’est ce que je crois), je décide de mettre en suspens mes congés de
fin d’année en famille et de me rendre pour 6 semaines
à Bangui, l’un des théâtres des opérations humanitaires des plus importants de l’Afrique
en cette fin d’année 2013. Conscience professionnelle oblige! L’ampleur de la crise est telle qu’on se pose des
questions sur les raisons de cet énième épisode désastreux de l’histoire sur les
sols du berceau de l’humanité. Le pays, la République Centrafricaine cristallise une fois de plus l'attention des médias internationaux qui comme d'habitude prennent les raccourcis par moment détaché de la réalité dans leurs analyses. Sans toutefois entrer dans les conjectures, une analyse à
froid montre bien la conjonction de plusieurs facteurs tant politiques qu’économiques
avec leurs bases et leurs ramifications en interne et à l’extérieur. Ce qui arrive ici et maintenant n'est pas une simple affaire de Pierre qui n'aime pas Paul, et donc...
Chaque
jour venant avec son corollaire de déboires nous laissèrent tous dans un suspens
permanent. Les populations de Bangui et de l’intérieur du pays qui pour
survivre se terrent chez elles ou fuient sur les sites de fortune pour
préserver leurs vies et celles de leurs familles. Ces populations dépourvues de
tout se tassent dans des endroits à la limite de la décence. Malgré cet effroi,
les haines et les fractures restent très profondément enracinées et tenaces.
Au passag, je me rappelle du soir du
réveillon de la Saint-Sylvestre, où assis à la même table que plusieurs hommes
et femmes de plusieurs nationalités dont des centrafricains, je tente d’avoir différentes
perspectives sur la crise qui secoue notre pays hôte. A ma grande surprise,
même au milieu des centrafricains très cultivés d’apparence, on pouvait
percevoir les divisions dans la pensée. Je
fais alors un parallèle avec l’histoire de la Côte d’Ivoire et je comprends
aisément comment les médias et les visions édictées par les politiciens qui sont
par moment étriquées peuvent être des facteurs de blocage aux espoirs d’un
retour à une certaine harmonie sociale d’antan que tous chérissions au moment
des vaches maigres.
L’accélération des processus
politiques au cours du mois de Janvier 2014, les démissions de président et
gouvernement, l’élection à tête de l’Etat d’une troisième femme présidente en
Afrique, les changements institutionnels subséquents ne changèrent pas de sitôt
la donne sur le terrain. Mon pronostic s’est encore avéré malheureusement juste (http://www.voxafrica.com/info/video/&v=0_zvsfn42b ; 8min-11min20) .
Cependant, la lassitude de l’encasernement forcé a commencé à pousser les
braves populations vers un refus du statu quo désastreux. En effet, vers cette
fin du mois de ce premier mois de l’année 2014, je note des signes d’espoir
avec une population qui par son dynamisme nous fait comprendre silencieusement
qu’elle dit non au diktat des armes et des machettes en vaquant à ses
occupations du moins au niveau du PK0.
Hotel Ledger, lieu de refuge de tous aux heures chaudes à Bangui |
Il y a encore donc lieu d’en appeler à
la responsabilité des hommes et femmes politiques, des fils et des filles de ce pays
pour qu’une fois de plus les uns et les autres comprennent que leurs intérêts égoïstes
ne sont pas au-dessus des aspirations de tout un peuple qui ne demande qu’vivre
en paix et en harmonie même si d’apparence, il donne l’impression de se haïr. Au moment de quitter la terre du « Zo Kwe Zo », j’ai
la nette impression d’avoir eu le « syndrome de Stockholm » car j’ai le cœur
serré et j’ai envie rester plus longtemps pour contribuer à réduire tant de
souffrance. Mais, il faut prendre du recul et mieux réfléchir au devenir et à l’image
de l’Afrique que je veux laisser à mes enfants. Cela passe certainement par plus d’engagement de ma part. Nourrir les masses de savoir porté sur la
dignité des peuples, leurs rôles positifs dans le changement, le renforcement
des institutions où personne n’est au-dessus des lois que les hommes et les
femmes, des sachant se seraient librement donnés. Bonne chance à Bangui,
espérant que la mauvaise blague de la roquette se transformerait en un réel espoir pour redevenir la coquette.
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