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Passionné de politique, je suis pour un monde avec plus d'égalité et d'équité entre les hommes. Je suis partisan de l'éveil des consciences.

lundi 14 avril 2014

Carnets de route : Quand « Bangui la Coquette » devint « Bangui la Roquette »



5 Décembre 2013, la plupart des responsables politiques africains sont au rythme de Paris avec la conférence sur la paix et la sécurité en Afrique de l’Elysée.

Bangui la coquette, Juillet 2010
Cette conférence est plutôt économique que politique car elle est entre autre sous-tendue par le rapport élaboré sous la houlette d’Hubert Védrine qui entrevoit l’Afrique comme une terre d’espoir pour un nouveau souffle économique français. Au passage, est-ce que les Africains connaissent réellement ce qu’ils représentent à leurs propres yeux ? Qu'est-ce qu'ils ont mis amené à la table de négociation de commun accord? Je ne serai nullement étonné que les propositions une fois de plus en rang dispersé ne les mettent en position de faiblesse alors qu'ils représentent un important creuset d'espoir au monde entier.

Des messages forts annoncent déjà l’ampleur des dégâts qui se profilent au Centre de l’Afrique. Le terme « génocide » est même déjà employé pour marquer l’opinion internationale. C’est donc le début d’un ballet diplomatique international en soutien aux populations déjà meurtries d’une terre dirigée par un autre responsable politique certainement considéré à raison ou à tort comme incapable gérer une situation aussi explosive. Sa position a même été qualifiée "d’intenable". Bref, … en gros c'est silence on tue et chacun passe son chemin !

Des déplacés du site de l'aéroport Mpoko de Bangui, Janvier 2014
Les jours qui suivirent revelèrent la déchéance humaine avec les conséquences que nous connaissons tous dans ce pays qui naguère affichait une certaine joie de vivre malgré son retard de développement. Au quotidien, ce furent des affrontements entre les milices armés et entre les populations civiles elles-mêmes. L’homme a laissé son côté bestial reprendre le dessus. La vengeance, les règlements de compte, les bavures, les vols, les pillages,... enfin tout y passe. Les adeptes de la théorie du chaos se régaleraient devant un tel scénario. La balafre de l’instabilité politique, du retard économique chronique qui frappait de son sceau indélébile la nation du cher Barthélémy Boganda, père de l’indépendance, ouvrait la voie royale pour un « no man’s land ». C'est une fois de plus un échec qui démontre que les politiques se sont succédées mais à l’évidence n’ont pas encore réussi à amorcer un véritable changement à tous égards perceptible au sein de la population.

Avec l'équipe sur le site de l'aéroport Mpoko à Bangui, Janvier 2014
Ainsi, animé de bonnes intentions (en tout cas, c’est ce que je crois), je décide de mettre en suspens mes congés de fin d’année en famille  et de me rendre pour 6 semaines à Bangui, l’un des théâtres des opérations humanitaires des plus importants de l’Afrique en cette fin d’année 2013. Conscience professionnelle oblige! L’ampleur de la crise est telle qu’on se pose des questions sur les raisons de cet énième épisode désastreux de l’histoire sur les sols du berceau de l’humanité. Le pays, la République Centrafricaine cristallise une fois de plus l'attention des médias internationaux qui comme d'habitude prennent les raccourcis par moment détaché de la réalité dans leurs analyses. Sans toutefois entrer dans les conjectures, une analyse à froid montre bien la conjonction de plusieurs facteurs tant politiques qu’économiques avec leurs bases et leurs ramifications en interne et à l’extérieur. Ce qui arrive ici et maintenant n'est pas une simple affaire de Pierre qui n'aime pas Paul, et donc...
Chaque jour venant avec son corollaire de déboires nous laissèrent tous dans un suspens permanent. Les populations de Bangui et de l’intérieur du pays qui pour survivre se terrent chez elles ou fuient sur les sites de fortune pour préserver leurs vies et celles de leurs familles. Ces populations dépourvues de tout se tassent dans des endroits à la limite de la décence. Malgré cet effroi, les haines et les fractures restent très profondément enracinées et tenaces.
Au passag, je me rappelle du soir du réveillon de la Saint-Sylvestre, où assis à la même table que plusieurs hommes et femmes de plusieurs nationalités dont des centrafricains, je tente d’avoir différentes perspectives sur la crise qui secoue notre pays hôte. A ma grande surprise, même au milieu des centrafricains très cultivés d’apparence, on pouvait percevoir les divisions  dans la pensée. Je fais alors un parallèle avec l’histoire de la Côte d’Ivoire et je comprends aisément comment les médias et les visions édictées par les politiciens qui sont par moment étriquées peuvent être des facteurs de blocage aux espoirs d’un retour à une certaine harmonie sociale d’antan que tous chérissions au moment des vaches maigres.
L’accélération des processus politiques au cours du mois de Janvier 2014, les démissions de président et gouvernement, l’élection à tête de l’Etat d’une troisième femme présidente en Afrique, les changements institutionnels subséquents ne changèrent pas de sitôt la donne sur le terrain. Mon pronostic s’est encore avéré malheureusement juste (http://www.voxafrica.com/info/video/&v=0_zvsfn42b ; 8min-11min20) . Cependant, la lassitude de l’encasernement forcé a commencé à pousser les braves populations vers un refus du statu quo désastreux. En effet, vers cette fin du mois de ce premier mois de l’année 2014, je note des signes d’espoir avec une population qui par son dynamisme nous fait comprendre silencieusement qu’elle dit non au diktat des armes et des machettes en vaquant à ses occupations du moins au niveau du PK0.

Hotel Ledger, lieu de refuge de tous aux heures chaudes à Bangui
Il y a encore donc lieu d’en appeler à la responsabilité des hommes et femmes politiques, des fils et des filles de ce pays pour qu’une fois de plus les uns et les autres comprennent que leurs intérêts égoïstes ne sont pas au-dessus des aspirations de tout un peuple qui ne demande qu’vivre en paix et en harmonie même si d’apparence, il donne l’impression de se haïr. Au moment de quitter la terre du « Zo Kwe Zo », j’ai la nette impression d’avoir eu le « syndrome de Stockholm » car j’ai le cœur serré et j’ai envie rester plus longtemps pour contribuer à réduire tant de souffrance. Mais, il faut prendre du recul et mieux réfléchir au devenir et à l’image de l’Afrique que je veux laisser à mes enfants. Cela passe certainement par plus d’engagement de ma part. Nourrir les masses de savoir porté sur la dignité des peuples, leurs rôles positifs dans le changement, le renforcement des institutions où personne n’est au-dessus des lois que les hommes et les femmes, des sachant se seraient librement donnés. Bonne chance à Bangui, espérant que la mauvaise blague de la roquette se transformerait en un réel espoir pour redevenir la coquette.


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