Judicael ELIDJE, carnets de route
Photo d'archive des chutes de Boali en Juillet 2010
Je viens de passer une semaine à
Bangui, République Centrafricaine en ce mois d'Août 2013. C’est la troisième
fois que je viens dans ce pays certes marqué par les stigmates du sous-développement mais qui naguère avait une
joie de vivre. J'ai retrouvé un pays balafrée, une population terrorisée et une
rébellion illégitime qui a une peur bleue d’elle-même. Hier, Mardi 20 Août, les
coups de feu ont retenti dans toute la ville avec un épicentre de ces
échauffourées très tendues : Boy Rabe et un autre quartier dont je ne me
souviens plus le nom.
A ce que je sache, tout est parti d’un
ras-le bol exprimé par une population, qui se sentant martyrisée par les « zinzins
et bayéfouès » de la SELEKA, milice ayant porté au pouvoir Djotodia, a
décidé de réagir. Cette manifestation réprimée a servi de prétexte pour entamer des
fouilles dans les quartiers considérés comme pro-Bozizé pour dit-on rechercher
des armes ou des caches d’armes. Quelle que soit la véracité ou non de tels
propos, cela me rappelle étrangement ce que la Côte d’Ivoire a récemment connu.
La dialectique du vainqueur et du vaincu continue de prévaloir avec son effet
boomerang.
Je me pose alors une simple question.
Pourquoi en plein 21ème siècle, seuls les Africains sont les champions du
manque d’amour de leurs nations ? Comment s’évertuent-ils avec tant d’ardeur
à mettre en lambeaux le peu d’espérance qui réside dans leurs nations ?
Dante Aliegheri dans l’Acte I de la « Divine
Comédie » communément connu sous le nom de « Inferno » disait
ceci : « Les endroits les plus sombres de l’enfer sont réservés aux
indécis qui restent neutres en temps de crise morale ».
L’Afrique vit une crise morale, la
République Centrafricaine en vit une encore plus profonde. Que faire donc ?
Comment restés inactifs ? Comment parvenir à renverser l’échelle des
valeurs c’est-à-dire parvenir à un stade où c’est la population qui tire les ficelles plutôt que des politiciens véreux ? C’est un rêve certes,
mais c’est pour moi un rêve qui vaut la peine qu’on s’y attarde.
De retour à Dakar en passant par Abidjan,
mon regard, plongé sur la couleur rouge vif du latérite qui submerge les terres
arides du désert du Sahara, les échos des balles assassines résonnent dans ma
tête. L’appel à l’engagement se fait pressant. Le salut réside dans l’autonomisation
des peuples, mais pas comme cette autonomisation virtuelle conférée par les
indépendances politiques des années 60. Mais une authentique, une véritable, où
tout un peuple se sent affranchie des chaines de la servitude, des armes meurtrières
de l’autre, de l’avidité des petits politiciens véreux, de ces personnes
fossoyeuses de toute une nation pour leurs égoïstes intérêts.
J’apprécie une fois de plus la
grandeur de l’être suprême, celui qui donne vie à toute noblesse d’âme et je
reste confiant en un avenir plus clément pour nous et nos enfants.
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