De tous les temps, l'être humain a toujours intégré la mobilité dans son mode de fonctionnement. Les raisons de cette mobilité sont multiples. De la période de la glaciation qui pourrait être à l'origine de la migration du continent africain vers les autres continents, en passant par Abraham dans la Bible (Genèse 12/1-5) qui quitte son pays pour la terre promise ou les milliers de personnes aujourd'hui qui partent travailler et vivre loin de leur terre natale, la migration professionnelle reste un fait. Dans cette quête, par moment vers l'incertain, l'expatriation professionnelle peut être une étape cruciale de votre vie professionnelle. La question qui se pose à toi au moment de faire le bond est "suis-je prêt" ou "est-ce que cela est fait pour moi? ". Questions tout à fait légitimes. Je partage dans ces lignes une petite partie de mon expérience personnelle, espérant que cela servira à certains.
Fait 1: Y aspirer ! Faire le premier pas.
Les aspirations profondes pour une vie d'expert international se confirment lorsque j'intègre l’Ecole Nationale Supérieure de Statistique et d'Economie Appliquée - ENSEA d'Abidjan. Mais avant, alors que j'étais à l'Université de Cocody aujourd'hui l'Université Félix Houphouet-Boigny, deux événements m'ont fait comprendre que c'était possible. En 1999, le Sommet Mondial du Microcrédit s'est tenu à Abidjan. J'avais été volontaire. J'ai accueilli et cotoyé les sommités du monde de la finance dont Muhammad Yunus, père du micro-crédit, Fondateur de la Grameen Bank, Prix Nobel de la Paix en 2006. Puis, il y a eu ma participation dans un programme d'échange culturel avec Georgia State University. En tant que membre de Choose MEEe, un groupe de promotion d'anglais à la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion, j'ai eu une exposition qui a contribué à donner un début de vie à mes rêves. En finissant l'école de statistique en 2001, il était clair que mon aspiration allait devenir une réalité car j'avais entamé avec une grande ardeur et obtenu finalement des inscriptions dans des universités européennes en dépit des petits moyens, puis une bourse d'étude de la Coopération Technique Belge, actuellement ENABEL. Je citerai à cet effet Paolo Coelho: "Quand on veut une chose, tout l'univers conspire à nous permettre de réaliser notre rêve".
Fait 2: Accepter de partir sans préjugés et s'adapter.
Nous grandissons et évoluons dans la vie en étant forgé par la somme de nos expériences de vie, notre système de valeurs, nos croyances réligieuses et spirituelles, notre identité, notre unicité, etc... Ce qui sous-entend a priori que celui qui vient de loin est forcément différent de nous. L'altérité devient donc la norme. Mes us et coutumes ne sont pas forcément ceux des autres. Cela demande une bonne dose d'humilité, d'ouverture d'esprit et surtout de tolérance. Dans cet échange, on laisse du sien et on prend de l'autre. Sans cela, on est certain d'avoir un choc dont on peut ne pas s'en remettre. Lorsque tout excité de joie, je quittais Bruxelles pour déposer mes valises le 29 Août 2004 en République Démocratique du Congo par la porte d'entrée de l'Aéroport International de NDjili à Kinshasa, j'avoue que ma première impression n'était celle à laquelle je m'attendais. Cependant, j'y ai vécu 7 bonnes années en bonne intelligence avec mes frères et soeurs du Grand Congo au point de recevoir le sobriquet de "Mwana Mboka" qui veut dire "le Fils du Pays". Les expériences similaires, je peux citer autant d'anecdotes dans tous les pays où j'ai eu la chance d'exercer mes talents professionnels notamment le Burundi, Haiti, le Tchad, le Sénégal, le Yemen, le Nord Nigeria, la Centrafrique, les Pays Bas, la Belgique. Ma philosophie de vie est simple. "Le pays qui t'accueille devient le tien. Il faut savoir créer son propre bonheur par dévers tout". Avec cela, je parviens à me transcender.
Fait 3: Tes standards professionnels doivent être l'excellence et surtout viser le bien des tiens et du peuple que tu es allé servir.
Lorsque vous avez la possibilité de vous expatrier, il faut partir du principe que vous devez toujours faire plus et mieux, dans la mesure du possible, que vos collègues locaux. Le but ici n'est pas se montrer supérieur ou meilleur, mais plutôt de susciter des vocations dans votre environnement par son parcours inspirant. En tout cas, c'est l'approche que je tente d'appliquer. Un autre aspect important, c'est la condition familiale. C'est une donne extrêmement importante car elle est une source d'équilibre si vous avez une famille. Soyez sûr que vous êtes aligné avec votre conjoint(e) car cela implique des sacrifices. Avoir la foi peut devenir un bon rempart dans ce cas, car vous construisez sur un fondement commun avec la confiance comme socle. Finalement, comprendre qu'on doit être au service des autres, du pays qui nous accueille sans se renier est également déterminant. Dans mon cas, ayant eu une expérience essentiellement dans les organisations internationales avec des mandats centrés sur l'humain, il a été plus facile de consacrer mes talents et mon coeur à servir les autres avec dévouement et abnégation. Je considère mon travail comme une sorte sacerdoce. Vous ne pouvez pas tricher avec cela. Les gens vous verront et se feront une idée de vous en fonction de qui vous êtes. Soyez donc vrai et aimant au service du bien commun pour l'humanité lorsque cela est possible.
Bangui en Janvier 2014 en pleine crise humanitaire
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